- Avant le début...
Pour les Européens, l'histoire de l'Amérique latine semble commencer en 1492, quand Christophe Colomb découvrit ce qu'il pensait être l'Inde. Là commencerait la vraie Histoire, dans le sillage sanglant des conquistadores espagnols, mais aussi portugais, français et quelques autres... Tout ce qui précède se trouve donc rangé sous l'étiquette "Ere précolombienne", nimbée de mystère. Des siècles de civilisations aussi riches que variées qui furent balayées par la "Conquista" en même temps que leurs citoyens massacrés et esclavagisés. Incas, Quetchuas, Mayas, Aymaras, Aztèques, Muiscas... on peut pas les citer tous, la liste est immense : des centaines de cultures et ethnies sont devenus des "Indiens", et leurs descendants sont toujours désignés aujourd'hui sous ce terme, même si les revendications identitaires de chacun de ces peuples font entendre de plus en plus fort leurs noms d'origine.
De fait, la configuration actuelle du continent est issue du mélange de l'héritage culturel et humain de ces civilisations "précolombiennes" avec tout ce qui s'est enraciné à partir de cette date fatidique à travers les processus de la colonisation, de l'esclavage des Africains "importés" par bateaux entiers, et des métissages qui en découlent.
Bref, cette rubrique historique n'ayant pas d'autre prétention que d'être un rapide balayage pour éclairer un peu la situation présente en Colombie, on la fera démarrer à partir de la Conquista, ce choc dévastateur qui a, malgré son caractère foncièrement sinistre et violent, généré sur cette terre une réalité spécifique qui est celle qui nous intéresse aujourd'hui.
La Conquista
Grosso modo : 1500 - 1550
C'est la conquête, par les Espagnols, d'un territoire qu'on n'appellerait "Colombie" que bien plus tard. Ce territoire était bel et bien occupé, disais-je, habité, civilisé, par des cultures et des peuples bien différents les uns des autres, dont les plus connus sont les Muiscas, les Tayronas, les Zenus, les Quimbaya, les habitants des zones de San Agustin, de Tumaco, du Nariño ou de Tierradentro, et beaucoup d'autres, dont on peut trouver aujourd'hui des traces dans différents sites archéologiques ainsi que des témoignages de leur art de l'orfevrerie et de la céramique au fameux musée de l'or de Bogotá, la capitale.
Au début du XVI° siècle, pour les hardis explorateurs conquérants, on était donc en Inde, bientôt l'Amérique du Sud, et on débarquait au gré des courants, en bandes armées plus ou moins nombreuses, en se répartissant les territoires pour y répandre la foi chrétienne et les bienfaits de la vraie civilisation au fil de l'épée, en échange de l'or, de tout l'or qu'on pourrait trouver, de tout l'or qu'on forcerait les "Indiens" à donner, à extraire du sol jusqu'à épuisement... de l'or, encore et toujours de l'or, des filons à l'infini, qui ouvraient aussi sur d'autres minerais, sur l'argent, sur l'émeraude, et plus tard le pétrole et tout ce qu'une terre funestement bénie des dieux pouvait donner à l'avidité des découvreurs, pour le malheur des "découverts". Car s'il est un fil conducteur de cette histoire, c'est bien celui-ci. La conquête, c'est avant tout la fameuse quête de l'Eldorado, qui dure encore aujourd'hui, sous d'autres formes, grâce à la puissance de multinationales pas toujours beaucoup plus scrupuleuses en matière de respect des droits de l'autochtone.
A l'époque, donc, arrivé par le Nord, un certain Alonso de Ojeda aurait été le premier à s'aventurer en Colombie, à s'appropier les terres qu'il venait à peine de fouler pour la première fois, et à "gouverner" toute la côte Caraïbe selon un procédé qui semble avoir été assez similaire partout sur le continent : on s'impose par un mélange variable de fascination, ruse, trahison, meurtre et terreur, on se fait octroyer par le roi d'Espagne une sorte de droit d'exploitation des lieux, moyennant versement d'une part du butin et engagement à un minimum de respect des droits des Indigènes, que, bien entendu, Ojeda et ses semblables se sont employés à bafouer de la pire manière. Pillages, massacres, esclavagisme, et propagation de maladies importées d'Europe, meurtrières pour les organismes non européens. Les ravages des conquistadores sur les Indigènes ont été tels dans tout le continent que, même à l'époque, certains Européens s'en sont scandalisés, le plus célèbre d'entre eux étant sans doute Bartolomé de Las Casas qui a écrit la "très brève relation de la destruction des Indes", récit des atrocités dont il a été le témoin, publié dès 1552, et qui mérite encore d'être lu aujourd'hui.
Dans le sillage d'Ojeda, d'autres conquistadores ont colonisé d'autres zones, dont le plus célèbre est sans doute Quesada (Gonzalo Jiménez de Quesada) à qui l'on attribue la fondation, en 1836, de Bogotá, la capitale, originellement Bacatá, un village des Indigènes Chibcha (également appelés Muisca), dont Quesada fera assassiner le cacique (chef traditionnel).
L'époque coloniale
1550 - 1810
C'est en gros la période où les conquistadors et leurs descendants se développent en tant que colons, anéantissant peu à peu les Indigènes et faisant venir des esclaves d'Afrique pour suppléer le "manque de main d'oeuvre". Le tout sous la haute protection du roi d'Espagne qui engrange sa part de bénéfice, ce qui, au fil du temps, deviendra de plus en plus insupportable aux colons qui finiront par se révolter contre le lointain pouvoir royal et déclencher les guerres d'indépendance. Si la conquête s'est faite sous le signe de la cupidité et de la violence prédatrice, générant des richesses immenses pour certains, au fil des siècles, la notion de "colon" devient plus relative et toute une société de plus en plus "créole" s'est constituée, à travers des métissages entre Européens et Indiens, Africains et Européens, Indiens et Africains, les sangs se mêlant de plus en plus au fil des décennies. La question raciale s'est donc complexifiée en même temps que se constituaient des classes sociales aux différences très marquées, particulièrement en ce qui concerne le rapport à la terre et à sa propriété. Les conflits entre ces classes étaient donc inhérents à la construction de cette société et la violence qui en découle s'est cristalisée au XIX° siècle dans les guerres d'indépendance.
Guerres d'indépendance : Bolívar et la naissance de la grande Colombie
Des luttes pour l'indépendance, sous la houlette de Simón Bolívar naîtra la Nouvelle Grenade qui deviendra La Grande Colombie, qui donnera elle-même naissance à la Colombie, au Vénézuela et à Panama.
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